Mon intérêt pour l’histoire de ma famille débuta lorsque j’appris qu’un arrière grand père, oublié depuis longtemps, était mort le jour de ma naissance, à 57 ans d’intervalle… Ce fut le début d’une enquête, qui se poursuit toujours. Mais qui, au fil de mes découvertes s’est transformée en passion !
Septembre 2014
Bonsoir Pierre, Comme tu le sais vendredi c’était notre anniversaire. Celui du jour où tu as disparu, et celui de ma naissance, 57 ans plus tard. Sais-tu que je suis plus vieille que toi à l’âge où tu es mort ? Qu’est-ce que je faisais, moi à 37 ans ? Voyons… je crois que je déménageais. Oui, j’ai changé de ville pour prendre un nouvel emploi. Reconversion professionnelle. Une nouvelle vie en somme !
Et dire que tu as à peine connu tes enfants. Mon grand-père Jean-Baptiste devait avoir 4 ou 5 ans. J’ignore s’il a gardé des souvenirs de toi. Son frère Victor lui n’avait que quelques mois. Là d’où tu es, les as-tu observés grandir, devenir adultes, se marier ? Les as-tu vus partir eux-aussi à la guerre ? Eux sont revenus tous les deux, plus ou moins marqués. Avais-tu le pouvoir de les protéger ? Et puis, les as-tu accueillis de l’autre côté, une fois leur vie achevée, pour des retrouvailles au goût de première rencontre ?
Je pars à ta rencontre
Et que sais-tu de moi, ton arrière-petite-fille, qui un siècle plus tard, partage avec toi un nom et une date… Qui ne sais rien de toi mais qui pars en quête d’un passé mystérieux, comme pour lever un voile lui-même oublié. Les épreuves que tes proches et toi-même avez endurées, de nombreuses familles les ont subies puis oubliées au fil des générations.
Je pars à ta rencontre comme ça, pour voir. Pour te connaître un tout petit peu. Pardonne mon ingérence, mon impudeur, peut-être ? Loin de moi l’idée de déranger ton repos. Bien au contraire, j’ai l’espoir naïf de le rendre plus paisible, en excavant ton âme de la tourbe où ton corps gît certainement. Puisse le récit de ton chemin devenir une voie vers la lumière.
Ton arrière petite-fille, Emmanuelle