Le tour du monde en 80 jours : nouvel épilogue

Affiche d'une adaptation au théâtre du livre Le tour du monde en 80 jours, 1886
Théâtre du Châtelet. Le Tour du monde en 80 jours  (affiche de 1886)
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

Où Phileas Fogg esquisse un sourire

Ce lundi 22 décembre 1873, Mr et Mrs Fogg suivis de leur domestique descendirent du Calais-Paris à 16 h. Tandis que Mr Fogg installait son épouse dans une salle d’attente, Passepartout s’occupa des bagages à l’octroi. Puis, sur le parvis de la gare du Nord, il héla le cocher d’une voiture de place. Êtes-vous retenu ? Nous allons Boulevard des Capucines.

« – Paierez-vous à la course ou à l’heure ?

– À l’heure. Je pense que mes maîtres, après s’être enregistrés à l’hôtel, voudront visiter Paris.

– Cela vous coûtera 2 fr de l’heure.

– Bien ! sortez votre montre, et accordons-nous sur l’heure.

– Bigre, vous êtes dévoué à vos patrons, vous !

– Disons que nous veillons les uns sur les autres. »

La voiture allait maintenant bon train, emportant le couple Fogg vers la première étape d’un nouveau voyage, sans contrainte de temps cette fois.

Près du cocher, Passepartout contemplait l’œuvre du baron Haussmann sans reconnaître sa ville.

« – Me voilà aussi perdu à Paris qu’à Yokohama ! »

Le fiacre arriva bientôt devant le Grand Hôtel. Ce vaisseau de pierre de 8000 m² occupe l’espace formé par trois rues, face au nouvel Opéra. Mais ce qui émut au plus haut point le domestique dans la description du lieu, ce ne sont pas les 700 chambres, les 15 salles de bain ou l’ascenseur hydraulique, mais bien le nombre de 4000 becs de gaz. Il grimaça : un seul lui suffisait !

Devant l’entrée, un vendeur de journaux criait : « le Temps ! 15 centimes ! »

Il s’approcha de Mr Fogg qui aidait Mrs Aouda à descendre.

« – Achetez l’Temps, M’sieur ! »

Il sembla au parisien que les traits du gentleman s’animèrent un instant. C’est pourtant sans la moindre émotion que celui-ci déclara :

« – Merci, ce n’est plus nécessaire.

– Donne-m’en un, mon garçon », dit Passepartout.

L’ironie de la situation l’amusait. Tenir fermement cette mesure si capricieuse, quelle belle conclusion à leur aventure ! Il paya de bon cœur puis rejoignit ses maîtres, aussi heureux que s’il possédait leur bonne fortune. Qui sait, peut-être l’était-il encore plus…

Photographie de Jules Verne, auteur de Le Tour du monde en 80 jours
 Jules Verne : photographie, tirage de démonstration – Atelier Nadar 
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France